Naïveté volontaire

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Mes deux enfants ont fait leurs premiers pas à 17 mois. Leur processus d’apprentissage a toutefois été très différent. Ma fille s’est d’abord déplacée à quatre pattes. Elle a ensuite pris plaisir à se tenir debout en prenant son appui sur les meubles ou les gens. Elle a acquis sa confiance en marchant de cette façon pendant plusieurs mois. Le jour où elle a marché sans appui, elle était très solide.

Mon garçon, lui, a plutôt choisi de se déplacer en se couchant de tout son long sur le ventre et se glissant avec ses petites mains moites qui adhéraient au sol. Je l’appelais mon petit soldat! Il a ensuite décidé que la position assise lui convenait mieux. Il se déplaçait assis sur les fesses, une jambe repliée vers l’avant et l’autre faisant un mouvement de l’avant à l’arrière, comme sur une trottinette. Il en a fait parler et sourire plus d’un! 

Ils ont tous les deux utilisé une technique différente et ont tous deux avancé à leur rythme. Chose certaine, ils ont fait preuve de persévérance et ils ont développé la coordination, la balance et la force nécessaires pour arriver à leur fin. Ce qui est absolument fascinant c’est l’assurance (et peut-être bien un peu de naïveté!) qu’ont les tout-petits. Lorsqu’il voit quelqu’un marcher, le petit ne se dit pas : « Ouf, ça semble difficile, je ne serai jamais capable de marcher! » ou encore « Je n’ai jamais fait ça, je suis mieux de ne pas essayer au cas où je n’y arriverais pas! » Bien au contraire! Le petit fait tout ce qui est en son pouvoir pour atteindre cet objectif, promesse d’une nouvelle autonomie, voire liberté. 

Je ne sais pas pour vous, mais j’ai ce désir grandissant de vivre ma vie avec cette ténacité et, je dirais même, une certaine naïveté volontaire! Je suis consciente que les mots « naïveté » et « volontaire » sont paradoxaux; je les ai juxtaposés avec intention! Devrions-nous pas, de temps à autre, mettre de côté nos sur-analyses et notre peur d’échouer pour s’armer de confiance et de détermination? Et si c’est ce qu’il nous faut parfois pour accomplir un rêve que nous avions déclaré impossible, irréaliste...

Cette métaphore m’interpelle aussi dans la mesure où elle m’encourage à ne pas négliger les petits commencements. Le bébé qui commence à se tourner du ventre au dos développe sa balance et son équilibre. Il fortifie ses muscles en se poussant sur ses jambes. Sa démarche à quatre pattes favorise sa coordination. L’enfant apprend graduellement à contrôler ses mouvements avec plus de précision. Chaque étape est importante et le rapproche du but. 

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Alors qu’il nous apparaît évident que l’apprentissage de la marche soit progressif, je me demande bien pourquoi nous avons tant de mal à accepter que plusieurs étapes soient nécessaires pour nos apprentissages, devenu adulte. Peut-être qu’une partie de la réponse réside dans cette citation de Marcel Jouhandeau : « C’est parce qu’on imagine simultanément tous les pas qu’on devra faire qu’on se décourage alors qu’il s’agit de les aligner un à un. » 

Il se peut que des gens te découragent et te disent que tu n’es pas sur la bonne voie ou que tu aurais déjà dû atteindre ton but. Je me rappelle lorsque notre fils se déplaçait sur les fesses, des gens ont semé le doute en mon mari et en moi qu’il n’était pas normal qu’il ne marche pas encore et qu’il se déplace ainsi. Mon fils, lui, n’avait pas ce doute. Il savait qu’il y parviendrait. 

Un enfant qui apprend à marcher tombe souvent, mais se relève jusqu’à ce qu’il maîtrise la technique. Tomber ne doit pas nous arrêter. Relevons-nous et faisons aussi souvent que possible un pas qui nous permet d’avancer vers l’accomplissement des rêves gravés sur notre cœur. 

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